La collecte de fossiles en Normandie, une opportunité pour la science et les collections
Jean-Philippe Pezy  1, *@  , Lionel Maerten  2@  , Eric Buffetaut  3@  
1 : Morphodynamique Continentale et Côtière  -  Site web
Université de Caen Normandie, Institut National des Sciences de l'Univers, Université de Rouen Normandie, Centre National de la Recherche Scientifique : UMR6143
24 rue des Tilleuls 14000 Caen -  France
2 : 3 Impasse du Moulin 14114 Ver sur Mer
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3 : Centre National de la Recherche Scientifique (UMR 8538), Laboratoire de Géologie de l'Ecole Normale Supérieure, PSL Research University, 24 rue Lhomond, CEDEX 05, 75231 Paris
CNRS : UMR8538
* : Auteur correspondant

La Normandie possède un patrimoine géologique diversifié allant du Massif armoricain à l'ouest au Bassin parisien à l'est. Ainsi, dès le 18e siècle les premières collections normandes ont été constituées par l'abbé Bacheley et l'abbé Dicquemare. La paléontologie en Normandie a été fortement présente au 19e siècle avec la génération de Deslongchamps et de Lennier et a connu un fort déclin suite aux bombardements de la seconde guerre mondiale détruisant la majeure partie des collections géologiques de Normandie dans les villes de Caen et du Havre. Durant la seconde partie du 20e jusqu'à aujourd'hui, la sauvegarde et la collecte des fossiles en Normandie sont réalisées par des amateurs. Ce sont notamment ces derniers qui sont les acteurs de la paléontologie en Normandie grâce à la découverte de nouveaux spécimens. Sans les amateurs, les spécimens dégagés par l'érosion du littoral ou lors de chantiers ne pourraient être sauvegardés et étudiés. Nous pouvons citer les travaux récents issus des collectes de Lionel Maerten sur le Bajocien de la commune de Maizet ainsi que lors d'un chantier entre les communes de Croisilles et les Moutiers-en-Cinglais. De même, récemment, de nombreuses études sur les crustacés fossiles sont issues de fossiles collectés par les amateurs le long des côtes normandes, notamment avec la découverte du plus ancien anomoure galathéoide et du plus ancien homard érymoide Enoploclytia dans le Jurassique normand. Récemment, une nouvelle espèce de crabe a été découverte lors de travaux à Maizet (Calvados), Tanidromites maerteni. Ainsi qu'un nouveau genre et espèce dans le Bajocien de Croisilles : Bajoprosopon piardi. En ce qui concerne les vertébrés, y compris les dinosaures, il faut souligner que la quasi-totalité des spécimens provenant de Normandie décrits depuis plus d'un demi-siècle ont été découverts par des amateurs. La reconstitution des collections paléontologiques de Caen et du Havre détruites en 1944 aurait été complètement impossible sans l'apport des collections d'amateurs, via dons et acquisitions.

Le récent projet de mise en place de réserve géologique à l'échelle des côtes du Calvados révèle une prise de conscience de ce patrimoine remarquable soumis à l'érosion et aux aménagements humains. Cependant, l'interdiction de la collecte de fossiles comme l'indique le projet va mettre en péril de façon irrémédiable la sauvegarde de ce patrimoine géologique ainsi que la découverte et l'étude de nouveaux spécimens.


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